Cette semaine, pour le pont du 14 juillet, on part dans le Gers. Je n’ai pas mis les pieds dans ce coin depuis un mariage en 2014, je me souviens que c’était charmant. Et qu’ils mettaient du canard partout.
La vie adulte est largement rythmée par le travail, et pour tenir le coup, par les perspectives plus riantes qu’on attend, entre deux périodes de vacances, et dans lesquelles on se projette. Allez, plus que deux semaines avant le week-end à Berlin. Dans un mois pile, je serai au spectacle de Bianca Del Rio. Ce genre de choses. C’est le concert qu’on attend depuis des mois, l’escapade en amoureux qu’on programme pendant des semaines, les copains qui descendent nous rendre visite à Lyon. A mon sens, il en faut environ deux ou trois par trimestre. Un par mois, quoi. Ça aide à rester motivé. Et pour cette fois-ci, ce sera donc le Gers.
Il y a deux ans, alors que nous étions entre deux confinements et dans une sorte d’urgence à se voir, mes potes de fac et moi avions organisé un week-end dans le Perche. Depuis, beaucoup ont bougé et déménagé, et certains ont eu leur deuxième gamin, ce qui double pratiquement les effectifs pour ce nouveau séjour.
Je ne saurais dire à quel point ces moments de réunion, même très espacés, sont importants pour moi. On m’a toujours reproché d’idéaliser et de « forcer » une dynamique de groupe qui n’existait pas forcément de manière naturelle entre les différentes personnes que je côtoie. Certaines se fréquentent entre elles en-dehors de cela, se parlent au téléphone toutes les semaines… et d’autres ne se voient que là, ou lors de nos visios mensuelles. Je n’en souffre pas, je n’imagine pas un petit groupe soudé comme nous avons pu l’être pendant quelques mois au début de nos études : chacune et chacun a fait son chemin, est parti dans sa propre direction, a eu ses relations parallèles, ses rencontres, son itinéraire professionnel, des villes différentes où habiter… Mais c’est mon sentimentalisme un peu niais qui persiste, réussir à réunir ces gens, de temps en temps, même si ce n’est pas au complet, me tient à cœur. Depuis longtemps.
La trentaine se terminera bientôt pour moi. Je ne sais pas encore comment j’aborderai la quarantaine, quand elle viendra. Je ne l’ai jamais anticipée, jamais fantasmée. Une part de moi a toujours imaginé mourir à 39 ans, comme s’il n’y avait plus de chemin après. Mais la trentaine, oui, je l’imaginais, j’y projetais des choses, quand j’étais gamin.
Rien qui se soit réalisé avec exactitude, au final. Mais il y avait cette envie, ce désir mal formulé, quand j’étais un ado renfrogné et mal dégrossi, d’avoir un jour, dans la trentaine, des amis de vingt ans. Je ne savais pas si ce seraient les potes de lycée ou les potes de fac, ou peut-être un improbable mélange des deux (ce qui n’est pas arrivé, ces deux groupes de personnes ne se sont jamais mélangés, e j’imagine que c’est normal). Mais je voulais avoir des amis que j’aurais vu grandir et mûrir. Des amis dont j’aurais vu les pièces du puzzle de la vie de mettre en place, année après année. Des témoins gênants de mes années de jeune con, aussi. Des gens avec qui partager des années et des années de souvenirs et d’amour sans cesse renouvelés.
L’année prochaine, ça y est, ça fera vingt ans que j’aurai rencontré la plupart d’entre eux. Ils ne le savent pas, mais certains et certaines d’entre eux ont été une sorte de « coup de foudre » amical, il y a toutes ces années. Je les ai « reconnus » quand je les ai rencontrés. Je savais que ce seraient eux. Et même si nos routes se sont séparées depuis longtemps, même si désormais les mariages sont passés et que nous n’aurons plus vraiment d’occasions de nous réunir, je me réjouis de savoir que nous avons toujours envie, une fois de temps en temps, de nous motiver et de trouver la place, dans nos vies désormais si chargées et si éloignées, d’organiser un petit temps privilégié de retrouvailles comme celui-ci.
Matoo
juillet 11, 2022 at 6:18Oh t’es trop mignon, sauf quand tu dis que tu vois (voyais) la fin de la vie à 40 ans !!! :DD
Vinsh
juillet 12, 2022 at 12:37Pas la fin de la vie dans l’absolu, hein. Mais pour moi je n’avais pas de projection, pas de projet très dessiné pour cette décennie-là. J’ai encore deux ans pour réfléchir. :p