C’est marrant, depuis que je vis ici, forcément, peu à peu s’accumulent des amis et accointances non-francophones dans mes cercles sociaux, et ils sont globalement imperméables à mes conversations en français. Mais, magie des technologies et de Google Trad oblige, il leur arrive de tomber sur un post de mon blog, dans un tweet ou dans une story Instagram, de cliquer dessus, et d’avoir accès à une version de l’article traduire a la truelle par Google. Ce faisant, ils se retrouvent face à une partie de mes réflexions et de mon intériorité qui ne manquent pas de les surprendre, puisque la version “socialement correcte” de mon personnage “public” à San Francisco ne parle ouvertement ni de cul, ni de cancer, ni de dépression. Du coup, certains me posent parfois des questions après m’avoir lu “ Mais ça va ?”, “Pourquoi tu ne parles pas de ça avec nous ?”, “Ca m’a un peu inquiété de lire ça.”. Je crois que culturellement, et surtout pour les nouvelles générations (je me surprends à côtoyer des Gen Z), cette vieille culture du blog “journal intime” en mode “je hurle dans un oreiller et des inconnus me lisent mais ces sujets ne sont pas abordés dans ma vie sociale”, ça leur passe un peu au-dessus, mais je crois que c’est aussi un bon moyen, pour celles et ceux qui s’y intéressent et ont la “bande passante” pour creuser un peu leur relation avec moi, de comprendre le côté plus “français” de ma personnalité, qui est certes visible dans mes interactions en anglais, mais surgit de manière plus claire dans ma langue natale. Cet aspect plus sombre, plus caustique et plus cynique ne leur plait pas toujours, mais je crois qu’à long terme, c’est sain de ne pas le cacher et de faire savoir que c’est là, derrière les silences et derrière les “small talks”. Les relations longues ne se construisent pas sur la seule politesse. Il est bon aussi de ne pas toujours être son “soi-même” le plus aimable ou le plus facile à aborder. Et si quelqu’un est tenté de s’en servir contre moi, cela facilite d’autant plus le tri. A long terme, celui que l’on est finit toujours par ressortir. Autant ne pas perdre son temps, ou ne pas faire perdre le sien à l’autre.