Après deux ans sans concerts (en ce qui me concerne, pas forcément une éternité, je dois faire un ou deux concerts par an, ce n’est pas non plus mon loisir principal), cela faisait tout de même du bien de retrouver cet aspect-là de « la normalité », à l’Olympia. Certes, on a déjà re-goûté au cinéma, aux terrasses, au théâtre, aux boîtes de nuit, aux restaurants… Mais les concerts, c’est un statut un peu particulier dans nos vies sociales. C’est super cher d’abord. C’est un peu la sortie exceptionnelle, rare, pour beaucoup de gens. C’est aussi la musique qu’on écoute au quotidien, qui prend vie en live.
Et Clara Luciani, qui montait déjà bien en puissance depuis 2016, était devenue incontournable en 2020, quand tout s’est interrompu. Elle a d’ailleurs judicieusement conçu son deuxième album, Coeur, comme un hommage à la « reprise » de la vie normale, un hymne à la fête retrouvée, donc Respire encore est bien sûr le plus fier représentant. C’est donc avec une joie certaine, et en m’attendant un peu à ce que soit bien appuyée cette dimension de « retrouvailles », que je me suis rendu à ce concert à l’Olympia. Et je n’ai pas été déçu.
Entre les costumes de scène (dont celui de la chanteuse, à la limite du disco-kitsch) et le décor minimaliste, on retrouve cette ambiance ORTF / plateaux de variétés des années 70 qui sied parfaitement à Clara Luciani, qui ne cache pas ses influences rétro : Michel Legrand, Jacques Demy, Françoise Hardy… lorsqu’elle s’adresse au public pendant le concert, elle convoque tantôt Claude François, tantôt Sylvie Vartan. Sans snobisme, Clara Luciani revendique une variété française stylisée et proche des yéyés, légère et faussement insouciante, et le plaisir simple des mélodies efficaces et des textes aux thèmes universels.
Là où j’aurais pu m’attendre à une chanteuse un peu hipster, déifiée par la presse et par le public, j’ai trouvé une jeune femme à la classe folle, intemporelle, dont la joie d’être là était visible et communicative, soutenue par sa déjà belle brochette de tubes et les refrains efficaces de ses chansons moins connues. Un vrai moment de joie partagée en concert, et pour la première fois de ma vie au premier rang. Clara Luciani est là pour durer, cela se sent, et la scène ne lui fera pas défaut, même quand elle aura cinquante ans de plus et qu’elle aura toujours autant la classe même dans une veste à guirlandes, quand il s’agira de défendre sa musique. Longue vie à la variété française sans chichis et qui ne prétend pas être autre chose !