Il y a ce meme que je vois souvent passer sur les réseaux sociaux et que, parfois, je partage à celles et ceux dont je pense que ça pourra les faire rire. La nap roulette est un truc que je fais parfois pendant mes journées de congés. Pas toujours, mais de temps en temps. C’est peut-être un moyen de se réapproprier le temps libre, cette propension à le risquer, à l’utiliser pour n’en faire rien. Ma vie actuelle est très chronométrée, avec du transport, des horaires de bus et de train, des pauses de quinze minutes, des applis de boulot qui chronomètre à la minute près quand je bosse et quand je ne bosse pas, des IA qui écoutent et scrutent tout ce que je fais et qui font des résumés de tous mes échanges. Il y a un micro-management de ma vie quotidienne qui a à la fois l’avantage de me donner une structure et de ne pas me laisser trop le temps de réfléchir, et l’inconvénient de me pomper toute mon énergie. Alors je ne sais pas si c’est un signe de dépression ou de saine activité, mais quand viennent les jours off, je suis claqué, et si je ne me suis pas astreint à une sortie ou à une activité ayant un timing précis, tu peux être sûr qu’à un moment de la journée, je vais me retrouver sur mon lit, à scroller sur mon portable et à sentir le sommeil me chatouiller le crâne, et cette foutue tentation de fermer les yeux “juste dix minutes”. Comme je suis un gros dormeur, je pourrais parfaitement commencer à quinze heures et me réveiller le lendemain matin sans interruption, ou presque, en sautant dîner et soirée au passage. Il n’empêche que le phénomène m’interroge, même s’il n’est pas systématique. Il y a tant à faire quand on vit à l’étranger, tant à explorer, et moi je suis tellement vidé par mes obligations que je ne me saisis de mon temps libre que pour recharger les batteries. Est-ce que ça a du sens, pour moi, de vivre la vie que je vis en ce moment ? Est-ce que c’est tenable à long terme, si cela doit se prolonger ? Est-ce que la “nap roulette”, c’est aussi un signe que la vie ne va pas si bien ?