be fruitful

L’autre soir, le comédien Guy Branum était de passage à San Francisco avec son spectacle Be Fruitful. Ça fait un moment que je le suis sur Instagram, et comme je le trouve drôle et que j’apprécie ses prises de position sur la grossophobie, notamment dans les milieux gays, j’ai sauté sur l’occasion de m’y rendre, avec Anthony, l’un de mes dates (et crushes) du moment. C’est toujours marrant de “tester” les mecs qu’on date dans un contexte un peu inhabituel, un peu plus “formel”, surtout quand on ne s’est jamais vus que pour baiser ou au mieux pour faire un cinoche (puis baiser). Soudain on passe deux ou trois heures habillés, à se parler, à se jauger, à regarder comment l’autre réagit au spectacle. Cela donne quelques indices supplémentaires sur qui est la personne et comment la dynamique peut évoluer entre vous avec le temps. C’était une chouette soirée. 

Le spectacle lui-même m’a surpris, mais peut-être qu’en vrai je n’aurais pas dû être surpris : Guy Branum est une voix proéminente sur les sujets de grossophobie en Californie, et c’est un comédien gay largement établi depuis une dizaine d’années, alors évidemment que son spectacle allait traiter de l’intersectionnalité de ces deux aspects de son identité. S’il y avait bien des parties du show consacrées à ses vannes sur les fruits et à ses marottes déjà visibles sur Instagram, je me suis laissé cueillir par des passages plus graves et plus profonds sur son expérience d’homme gay et gros, sur sa vie amoureuse et familiale, et sur sa perception de lui-même. A vrai dire, il m’a chopé sur des points sensibles et m’a déstabilisé à certains moments, mais c’était vraiment émouvant et touchant, en plus de très vite redevenir sarcastique et juste. Je crois que je n’avais pas ressenti un truc comme ça depuis Nanette, de Hannah Gatsby, il y a quelques années. Guy Branum parle de standards de la communauté gay, mais aussi de cruauté, de solitude, de ce que c’est d’être gros aux Etats-Unis en 2025, de ce que ca fait de penser qu’on ne sera jamais aimé, de sélection génétique, de drogue, de prostitution, de religion, des gens qu’on a aimés et perdus, de notre empathie en tant que communauté, des fruits qui font du drag, de cul, de famille choisie et des “+” dans LGBTQ+ (dont les hommes hétérosexuels en mal d’attention). Le résultat est à la fois remuant et hilarant, et je me prends à regretter qu’il ne traverse pas l’Atlantique comme d’autres comiques US qui nous proposent parfois des “specials” à Paris. Mais qui sait, son temps viendra peut-être. A la fin du spectacle, il est venu devant le théâtre pour discuter avec des spectateurs et faire des selfies, mais je n’ai pas osé y aller, j’ai toujours l’impression de déranger et de fangirler même quand la personne est là pour ça. Moi aussi j’ai encore du chemin à faire.

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