L’un des signes les plus clairs que l’été est fini, outre les changements météorologiques les plus visibles, c’est la température ressentie du café froid. Depuis quelques jours, au bureau, le chauffage n’étant pas encore rallumé, on commence à sentir, lorsqu’on reste assis plusieurs heures par jour à son poste, les extrémités qui refroidissent subtilement, à force d’immobilité : les orteils dans les chaussures, les doigts sur le clavier, le cartilage des oreilles, l’extrémité du nez parfois. Mais on n’y prête pas encore attention, on n’en est pas encore à la vraie vague de froid, lorsque cette fraîcheur devient inconfortable et empêche de se concentrer. On n’a pas encore complètement laissé l’été derrière nous, on a encore le souvenir frais d’avoir été dehors, en T-shirt, peut-être en short, il y a encore quelques jours. Le vent du nord des derniers jours n’est peut-être qu’une perturbation passagère, notre esprit est prêt, encore, à un sursaut d’été en septembre.

Non, le truc qui frappe mon attention, c’est cette gorgée de café froid, lorsque je me suis fait un café il y a vingt ou trente minutes, que je l’ai un peu oublié sur mon bureau après en avoir bu deux lampées, et qu’il en reste la moitié dans la tasse. Tout à coup je reprends conscience de la présence de mon mug à côté de mon écran, je l’attrape, l’anse est froide, et j’en bois, pour me rendre compte qu’il est froid. Mais pas froid comme en été, en mode « il n’est plus chaud ». Froid comme un froid qui fouette la lèvre supérieure et la langue à l’instant où le liquide les touche. Froid comme s’il était glacé, alors qu’il ne l’est pas. Mais ce froid plus désagréable qu’au printemps ou en été. Cette petite différence de température ambiante qui fait qu’on prend vraiment conscience, avec cette troisième ou quatrième gorgée de café, que ça y est, l’automne est là : le café froid est un peu plus froid qu’il y a encore deux semaines.