L’homme volant

 

 

Je n’ai aucune bonne volonté en ce qui concerne les efforts physiques. Je me sens emprunté, à côté de la plaque, la douleur et l’essoufflement liés à l’effort ne me procurent aucun plaisir, je n’ai aucune envie de me dépasser, je ne cours après aucun objectif, je ne retire aucune satisfaction à avoir accompli un truc performatif avec mon corps au prix d’efforts pénibles et d’une discipline grotesquement dédiée à cette seule performance, je n’aime pas les sports ni prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, je n’en ai rien à foutre. Autant te dire que quand j’ai reçu, en cadeau de Saint Valentin (« on va s’envoyer en l’air mdr ») un baptême de l’air de chute libre en salle, je n’ai pas vraiment sauté au plafond. Oula c’est quoi ce truc. D’autant que ledit cadeau était une subtile allusion au fait que j’ai le vertige, mais à la rigueur, en salle, ce n’est pas bien grave. Bon, c’était une activité de couple, et c’était offert de bon coeur, alors après des mois de tergiversations pour enfin réserver le truc, nous y sommes allés ce week-end.

 

C’était rigolo mais, du peu que j’en ai compris (puisque ce n’est pas moi qui l’ai payé), assez cher pour ce que c’est. Et c’était bien sûr l’occasion de se confronter à un de ces profils de moniteurs / profs de sport qui font ça les yeux fermés depuis des années et qui croient faire des miracles en trente minutes sur quelqu’un qui ne l’a jamais fait, est mou comme un marshmallow et n’en a rien à battre. Le monsieur n’était pas méchant, hein, mais son brief consistait essentiellement à nous demander de nous tenir cambrés en arrière, la tête relevée, dans une position parfaitement symétrique pour ne pas nous retourner sous la pression de la soufflerie, et parfaitement immobiles. Le tout en restant souriant et détendu pour la caméra. Avec moi, il a clairement pu oublier ces deux dernières étapes.

 

Le tube géant étant au centre de l’établissement, transparent et entouré de spectateurs, déjà, c’est mal parti pour se détendre, pour une première : regardez donc, messieurs et dames, le grand machin maigre raide comme un balai se croire dans Mission Impossible. Mais admettons. Ensuite, comme on est couverts d’équipements (casques, lunettes, combinaisons, bouchons d’oreille) et qu’on est dans un environnement relativement venteux, le moniteur communique avec nous avec les mains, dans un code qu’il nous apprend brièvement avant de commencer. J’ai bien reconnu le geste qu’il n’a pas arrêté de me faire pendant mes vols : celui m’intimant l’ordre de me détendre. Alors pardon monsieur, mais gainé, cambré en arrière, la tête relevée, parfaitement symétrique et parfaitement immobile, en fait, je n’arrive pas à être détendu. En chute libre ou pas, hein.

 

Mais bon, j’ai un joli certificat de chute libre en salle, et les vidéos ont bien fait marrer mes copains. Et est-ce que ce n’est pas à cela, au final, que sert ce truc ?

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