Les gens ne savent plus quoi m’offrir. Je laisse peu de marges, tout au long de l’année, pour de potentiels cadeaux à venir : en bon enfant gâté, j’achète ce que je veux à peu près au fur et à mesure que je le veux, je diffère assez peu de dépenses, et quand c’est le cas ce sont bien souvent des choses dont je me passe en réalité très bien. Mais le fait est que chaque année, l’enchaînement Noël-anniversaire, qui dans mon cas se joue en à peine deux semaines, provoque un embouteillage embarrassant de cadeaux pour lesquels mes proches ne savent jamais trop où trouver l’inspiration. Je ne dis rien, je les laisse réfléchir, et souvent mes parents finissent par me demander directement, en dernière minute, ce que je peux leur faire financer pour un budget défini (cette année, dans leur cas, ce sera donc l’installation d’une applique murale sur mon balcon, qui n’est jusqu’à présent éclairé la nuit que par la lueur perçant à travers la porte-fenêtre et le rideau). Mon mari, en revanche, refuse de s’avouer vaincu et cherche chaque année à innover, probablement inspiré désormais par les publicités ciblées Instagram qui elles-mêmes s’inspirent manifestement de nos conversations.
Alors, comment me suis-je retrouvé enfermé pendant un peu plus d’une heure dans un caisson d’isolation sensorielle ? Je ne sais pas trop. Cela a à voir avec mon caractère taiseux, casanier, et ma vie intérieure qu’on dit très riche, puisqu’apparemment j’ai des délires « chelou » et un humour qui désarçonne beaucoup celles et ceux qui me connaissent peu. Délires et humour qui ne peuvent venir que d’une moulinette cérébrale intense pendant toutes ces occasions (et elles sont nombreuses) où l’on ne m’entend pas prononcer un mot. J’en parlerai un jour, mais plus le temps passe et plus l’impact de ma surdité sur ma personnalité, et par ricochet sur ma vie entière, m’apparaît colossal. Toujours est-il que m’enfermer une heure à poil dans le noir absolu en flottant à la surface d’une eau cinq fois plus salée que la Mer Morte lui a semblé tout à fait dans mes cordes.
Et il avait raison, puisque j’ai eu l’impression que ça n’avait duré que quinze minutes. En dépit d’une très légère claustrophobie sur la fin (impression d’air très humide qui ne se renouvelait pas assez, à cause de l’eau chaude et du plafond très bas), l’expérience de flottaison est assez agréable. Je suis un peu trop fébrile pour rester comme ça sans bouger, mais en barbotant un peu, ça passe tout seul. Comme me l’a indiqué la gentille jeune fille qui m’a présenté le caisson, la flottaison est très facile grâce à la teneur en sel de l’eau, mais il faut faire attention à ne plus bouger du tout et à ne surtout pas se toucher le visage (et surtout les yeux), puisque justement l’eau est très salée. Une discipline quasi-impossible à tenir pour moi qui suis perclus de tics allant du rongeage d’ongles au pliage de cartilage d’oreille : il suffit que tu me dises que je n’ai pas le droit de toucher mon nez pour qu’aussitôt un petit point de démangeaison surgisse sur l’une de mes narines.
Au final, l’expérience est très agréable, on finit par se transformer en une espèce de morceau de coton bercé par le vent, et on ressort à la fois reposé et épuisé d’avoir été doucement ballotté par la flottaison. Le retour de la lumière artificielle et des bruits extérieurs mérite un sas de décompression, que l’institut fournit par le biais d’une douche, d’un transat et d’une tisane en sortie de caisson. J’ai super bien dormi ce soir-là. Je le referai sûrement si j’en ai l’occasion, d’autant que ce petit séjour en « salaison » laisse la peau en état de gommage fort plaisant pendant un jour ou deux. Par contre, j’ai effectivement une vie intérieure trop riche : j’ai pensé à tant de trucs pendant une heure que je ne pense pas avoir le bonheur un jour de comprendre que ce c’est que de faire le vide en soi et de méditer.
Matoo
janvier 25, 2023 at 6:34Ayant épousé un capricorne, c’est vrai que c’est relou cette période Noël + anniversaire. Je m’empêche de faire des combos, et j’essaie vraiment de me décarcasser pour les deux mais c’est pas toujours évident. Ce qu’il utilise le plus : un espèce de chausson monobloc en moumoute chauffant et vibrant, qui était un cadeau surprise débile en mode « t’es vieille ». 😀 😀 😀
Vinsh
janvier 25, 2023 at 6:52Sans vouloir faire de l’astrologie à deux balles, je crois que oui : les Capricorne, dans leur coeur, sont souvent des mémés. :p
Matoo
janvier 26, 2023 at 5:57Mais bon ça va, ça fait encore fondre mon petit coeur. ^^