39

 


On y est. 39 ans. Les 40 ans à l’horizon. Cet âge que je regardais de loin, adolescent, en me disant que je serais alors un adulte fonctionnel, avec une vie bien rangée, une carrière à peu près réussie et sur les rails, un bel appartement, des gens qui me regardent avec respect et considération dans ma vie professionnelle comme dans ma vie privée. Comme je regardais mes parents, en me disant qu’ils avaient l’air de maîtriser, de savoir ce qu’ils faisaient. Qu’un jour, moi aussi, je comprendrais ce que c’est de maîtriser sa vie. Tu parles. Mes parents n’en menaient pas plus large que moi à quarante balais, en fin de compte. Ils étaient le produit de leur époque, c’est tout. Un autre âge économique et social, où c’était normal d’être le genre d’adultes qu’ils étaient.

J’ai mis un moment à comprendre que non seulement tout le monde fait semblant de maîtriser, mais en fait tout le monde est resté un ado paumé qui s’est retrouvé avec de plus en plus de responsabilités avec le temps, et continue à donner le change face à chaque situation inédite. On ne fait jamais qu’improviser, au milieu des confirtables habitudes et automatismes qu’on s’est créés avec les années. Personne n’a aucune idée de ce qu’il fait ou de pourquoi il le fait. On fait simplement ce qu’on peut, tous, avec les armes qu’on a reçues et le passé qu’on se traîne. On fait à peine des choix, tant presque tout nous est dicté par notre histoire et ce qu’elle a fait de nous, socialement, psychologiquement, émotionnellement, intellectuellement.

Cette année, j’ai balayé tant de choses que je pensais avoir construites, que j’ai l’impression de faire des choix pour la première fois. Les perspectives de vie qui s’ouvrent à moi son vertigineuses. Si loin de ce que ma vie a été pendant 39 ans. Mais cela me ressemble beaucoup, pourtant. Comme une autre version de moi qui attendait que je le réveille. Cela pourrait très mal se passer. Ça fait un peu peur. Mais j’ai confiance.

En entrant dans cette quarantième année, je ne prétends rien maîtriser de plus. Mais c’est galvanisant d’avoir l’impression, avant un grand saut, de choisir quelque chose. De risquer. De se tromper, peut-être. Mais de vivre, comme jamais.

2 thoughts on “39

  1. Tto

    janvier 11, 2024 at 11:15

    Bon anniversaire Vincent et joyeux 39 ans ! La quarantième année sera merveilleuse, que tu maitrises ou pas.

  2. Matoo

    janvier 12, 2024 at 4:47

    Joyeux anniversaire chouchou intergalactique !!! :DD

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