Le Légendaire Cabaret Club

 

 

Vendredi soir, nous sommes allés voir le Légendaire Cabaret Club, la tournée de Drag Race France qui passe dans plusieurs villes françaises, dont Lyon donc, pour permettre au public d’aller à la rencontre des drag queens de la saison 1 diffusée cet été. J’avoue que je n’en attendais pas grand-chose, n’ayant pas été hyper subjugué par la saison 1 de Drag Race France. Mais j’ai passé un super moment.

 

Depuis quelques années, Drag Race est devenu un des programmes vers lesquels je vais un peu par défaut, que ce soit sur Netflix (où la plupart des premières saisons ont désormais disparu) ou sur WoW+, un peu à la manière d’un Friends : je mets une saison au pif, ça me sert de fond sonore pendant que je fais autre chose, de toute façon je connais les épisodes par cœur, et si je veux regarder un truc sur lequel me concentrer, il y a de nouvelles saisons presque tous les mois avec les franchises internationales (Italie saison 2 et UK saison 4 en ce moment), et donc de nouveaux épisodes toutes les semaines. Au point que je frôle la surdose et que je compte désormais plutôt au rang des blasés du programme que des fans sans cesse assoiffés de nouveaux épisodes. Sans être le mec le plus investi dans le truc au quotidien, je fais donc partie de ce qu’on appelle les fans hardcore du show, qui sont abonnés aux comptes Instagram de dizaines de drag queens, qui suivent tout ce qui se passe autour de l’univers Drag Race, traînent sur les forums Reddit et ont un avis sur chaque queen, chaque saison, chaque franchise, mais désormais un peu la flemme de tout regarder. Drag Race France n’a donc pas été ma version favorite jusqu’à présent, mais je lui accorde au moins le mérite de ne pas nous avoir mis la honte internationale auprès des fans de Drag Race dans le monde entier. L’émission a aussi promu sur le service public, et auprès d’un public jeune et varié, des discours nécessaires sur l’acceptation de soi, l’homophobie, la grossophobie, la sérophobie, etc. et à ce titre je n’ai donc pas grand-chose à lui reprocher, d’autant que je trouve la gagnante de cette première saison « logique » et méritée. Mais ça ne m’a pas fait l’effet « whaou » que peuvent me faire les saisons les plus réussies de All Stars ou de RuPaul’s Drag Race aux Etats-Unis. Disons que c’est au moins chouette d’avoir eu une franchise pas honteuse pour la France, avec des références culturelles plus lisibles pour nous (dans les jeux de mots, les célébrités choisies pour le Snatch Game, etc.).

 

Et donc, lorsque l’un de nos copains a eu envie d’aller voir la date lyonnaise de la tournée de cette première saison de Drag Race France, je n’étais pas à fond dans le truc, mais j’ai suivi le mouvement sans me faire trop prier. L’ambiance était similaire à la tournée Werq the World, elle aussi passée à Lyon il y a quelques mois avec des drag queens issues des saisons américaines les plus récentes : beaucoup de fans hyper enthousiastes qui contribuent à mettre l’ambiance, des gens plus ou moins costumés venus ici entre potes, des stands de merchandising, des files d’attentes partout, mais heureusement, des places numérotées.

 

 

Sur scène, un enchaînement assez classique de numéros collectifs et individuels des drag queens de la saison 1, avec des danseurs très athlétiques en slip qui vous déconcentrent pendant les prestations, le tout entrecoupé d’interventions de Nicky Doll, la présentatrice de l’émission, qui joue très bien son rôle. Ce qui m’a plu, c’est qu’un soin particulier semble avoir été apporté à valoriser chaque queen. Pas d’impression que les « early out », les queens éliminées en premières, n’avaient pas un vrai moment dédié. Chaque numéro m’a semblé assez bien conçu pour bien présenter chaque queen et son « univers drag » : la showgirl, la look queen, la queen intello-art-dramatique… pas tant des petites cases que des opportunités d’entrouvrir la fenêtre sur ce que ces queens ont à proposer le reste de l’année, et c’est plutôt chouette. Drag Race France se distingue un peu de sa cousine américaine par, justement, un côté moins showbiz, moins « à l’américaine », et une forme de bienveillance, de relégation de la compétition au second plan, qui offre au public de la proximité, presque de la chaleur, et qui, je pense, doit faire des merveilles pédagogiques auprès d’un large public hétéro allié qui ne voit pas de drag queens en permanence sur ses écrans.

 

Forcément, pour moi, à côté des numéros vus par le passé de queens américaines comme Vanessa Vanjie Mateo ou Violet Chachki, les numéros des queens françaises m’en ont moins mis plein la vue. En revanche, j’ai davantage eu une impression de proximité et de sincérité, et même de faire connaissance avec certaines des queens qui n’ont pas eu assez de temps pour se présenter et être valorisées pendant leur saison (La Kahena, Lova Ladiva, La Briochée) ou au contraire qui sont restées longtemps mais que le jury trouvait trop sur la retenue (La Grande Dame) : à l’issue de cette soirée, j’ai la sensation de mieux comprendre leur drag, leur humour, ce qu’elles ont envie d’apporter au public. Et c’est déjà pas mal, après une seule saison.

 

Les rumeurs de casting sur la saison 2 de Drag Race France commencent déjà à aller bon train, et si certaines se confirment (comme par exemple l’inclusion, pour la première fois dans n’importe quelle franchise Drag Race, de drag kings), le programme pourrait bien devenir une des vitrines médiatiques les plus chouettes sur la diversité et la richesse des subcultures LGBT+. Rien que pour ça, j’irai probablement voir les prochaines tournées.

2 thoughts on “Le Légendaire Cabaret Club

  1. Matoo

    octobre 26, 2022 at 10:07

    J’y vais dans deux semaines, j’ai hâte !!

    • Vinsh

      octobre 26, 2022 at 12:43

      Tu vas passer une super soirée ! 😉

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