X. C’est comme ça qu’il faudrait apparemment, désormais, nommer Twitter. J’avais écrit il y a quelques mois un petit condensé de ce que nous avions cru être le « dernier jour » de Twitter, lorsque nous avions cru que la plateforme entière allait sauter d’une minute à l’autre et que nous avions tous communié, comme pour une dernière fois, autour de nos souvenirs sur ce réseau et du hashtag #RIPTwitter. Huit mois après, nous sommes toujours là, mais l’agonie se poursuit inexorablement.
Peu à peu, Elon Musk est en train de réussir l’exploit de s’aliéner les utilisateurs historiques de la plateforme, espérant probablement que leur fuite cessera à un moment (ce en quoi il n’a pas complètement tort, car nous sommes nombreux à ronchonner mais à rester), et peut-être aussi que de nouveaux utilisateurs, de nouvelles communautés, prêtes à payer (au hasard, les gens de l’alt-right américaine), remplaceront les pique-assiettes qui peuplent Twitter depuis dix-sept ans pour faire de ce réseau un machin rentable, faute d’être intéressant ou fiable. On a quand même du mal à voir comment sa stratégie pourrait fonctionner à long terme, sans profondément transformer (et donc dénaturer) ce qu’était Twitter : en rendant payants des services et fonctionnalités qui ne l’étaient pas, comme la limitation du nombre de messages privés ou du nombre de tweets visibles par un même compte non certifié dans une même journée, Elon Musk rend peu à peu l’expérience Twitter de plus en plus désagréable pour ceux qui l’ont toujours connue gratuite et simple et qui animaient la plateforme de leurs bons mots, de leurs couvertures et commentaires de l’actualité en direct, et globalement de leur esprit vif. Place désormais aux racistes et complotistes qui paient le droit à leur pastille bleue, et tant pis pour les journalistes et twittos pas frappadingues, donc. Difficile d’imaginer qu’une fois qu’ils auront dépassé les freins naturels à se barrer (flemme de recommencer à zéro et de se reconstituer une communauté ailleurs), et qu’ils pourront facilement retrouver leurs followers et leurs anciennes habitudes sur Threads ou Mastodon, les gens vont juste rester sur Twitter par pure loyauté, si en plus leur timeline ne comporte plus que des tweets de fachos et de comptes certifiés auxquels ils ne se sont jamais abonnés.
Mais il faut se rendre à l’évidence, aussi : pour le moment, la grande hémorragie ne prend pas. Beaucoup des gens que je suis sur Twitter y sont encore. Pour râler, certes. Et l’ambiance n’est plus la même qu’il y a encore un an ou deux. Mais ils sont toujours là. Moi-même, je n’arrive pas à me mettre à Mastodon, ces histoires d’instances et de communautés séparées sont un vrai frein pour moi, j’ai la flemme de faire l’effort de reconstruire une communauté là-bas, dans un environnement moins intuitif et avec des contraintes supplémentaires. J’attends un peu l’arrivée de Threads, mais ce ne sera pas avant début 2024 et, dans un environnement Instagram / Meta, la tonalité ne sera fatalement pas la même que sur Twitter : moins de memes, moins de sous-entendus sexuels, moins de vannes politiquement incorrectes. Bref, pour le moment, l’agonie de Twitter est bien réelle mais ne me permet toujours pas de le lâcher pour de bon. Peut-être par loyauté ou par nostalgie envers ce que la plateforme a été. Peut-être parce que j’y ai tous ces échanges et archives. En tout cas pas par plaisir, car clairement, j’y vais moins et je m’y amuse moins depuis que je vois majoritairement des contenus de comptes auxquels je ne suis pas abonné, au détriment des mutuals et des communautés par affinités auxquelles je m’étais habitué. Mais force est de constater que je suis toujours là.
Matoo
juillet 25, 2023 at 1:24Mais il faut être partout ! Je n’ai aucun scrupule à quitter touiteur parce que j’ai à peu près la même commu sur Threads ou Mastodon. :DDD
Je ne comprends vraiment pas le frein à Mastodon, surtout que ça laisse à la porte les technophobes. :DDD
Vinsh
juillet 25, 2023 at 2:00Je dois être un peu technophobe :-/ les rares fois où je me suis connecté sur Mastodon j’ai eu l’impression de ne pas voir les posts des autres, de parler tout seul et de ne pas réussir à « engager » avec grand-chose (en réponse ou en « retweet ») : bref, il y a tout à refaire et j’ai l’impression de ne pas voir les gens qui sont dans d’autres « instances » que la mienne, c’est plus frustrant que satisfaisant pour le moment. 🙁