Bon, je n’en parle pas mais je continue à garder un oeil sur l’actualité française. Je continue à recevoir des notifications des applications de médias français, donc je vois quand quelqu’un meurt, quand un nouveau gouvernement est annoncé ou quand il y a une alerte enlèvement. Et bien entendu, comme j’ai quitté le pays dix minutes après la dissolution de l’Assemblée Nationale et les législatives de juin-juillet 2024, j’ai depuis l’impression d’avoir sauté d’un bateau qui coule, n’ayant vu passer l’été 2024 sans Premier Ministre, le gouvernement Barnier, le gouvernement Bayrou et le joyeux bordel des gouvernements Lecornu que de loin. Je ne peux que me désoler du spectacle que la “démocratie” française est en train de montrer au monde entier, et je vois passer les échos de la presse américaine sur le sujet, surtout en ligne. Mais en fin de compte, c’est les Etats-Unis ici, et comme de bien entendu, tout le monde s’en fout un peu, et personne dans mes connaissances n’est vraiment ni intéressé ni capable de discuter du sujet. En fait, quand je l’aborde (notamment ces derniers jours avec notre fameux gouvernement qui a duré quatorze heures et généré son lot de memes, de vidéos parodiques et de détournements), j’en suis plutôt réduit à expliquer la politique française dans ses grandes lignes, le bicamérisme, l’exécutif bicéphale (les Américains s’étonnent toujours qu’on ait un Président ET un Premier Ministre qui bossent dans une dynamique de domination-soumission qui ne manque pas de les interloquer) (mais bon “c’est les Français”), et pourquoi c’est la crise maintenant qu’on a une espèce de tripartisme dans le paysage politique français dont on ne sait pas quoi faire et pour lequel la Cinquième République ne semblait pas avoir été pensée. Bon, on passe pour des bêtes curieuses, quoi, mais dans le regard des Américains on a un peu l’habitude. Ce qui est marrant, c’est qu’ils restent souvent convaincus, dans les cas où ils savent qui c’est, que Macron est un grand socialiste progressiste, une sorte de Justin Trudeau ou de Barack Obama européen, et qu’ils tombent un peu des nues quand je leur explique qu’il est hyper impopulaire en France et que sa politique est une sorte de Trumpisme poli et souriant avec son air de jeune premier et son brushing d’école de commerce, mais que ça fait un moment que les Français ne sont plus dupes et ne croient plus en l’image d’Epinal du candidat de 2017, surtout à gauche. Au moins, cela donne lieu à des conversations amusantes. Toujours est-il que j’ai l’impression que je vais retrouver un pays au bord de l’implosion, sans options politiques désirables pour la présidentielle de 2027, et que ces quelques mois de distance m’ont renforcé dans l’impression que la Cinquième République ne va continuer à tenir qu’en boitant et par la volonté de quelques égos refusant de lâcher l’affaire (parce que les places sont bonnes). Et ça commence à faire un peu léger pour un régime qui se veut démocratique.