Beef

 

 

J’avoue, je ne m’y suis lancé que parce qu’il y avait Ali Wong au générique. Mais j’ai passé de très bons moments devant les 10 épisodes de Beef sur Netflix. Peut-être seront-ils seulement les 10 premiers épisodes, en attendant d’autres, d’ailleurs, puisque la série pourrait avoir une saison 2, espèrent ses auteurs. Et c’est en grande partie grâce à d’autres acteurs de la série que j’ai finalement apprécié l’ensemble.

 

Ali Wong, dans le rôle d’Amy, est finalement vachement dans la retenue, par rapport aux tirades politiquement incorrectes de ses one woman shows. A l’inverse, quelques têtes familières (Maria Bello, Ashley Parks) tirent bien leur épingle du jeu malgré des rôles largement mineurs dans l’intrigue, et je me suis laissé transporter par les prestations des acteurs principaux face à Ali Wong, à savoir Joseph Lee, Young Mazino, et Steven Yeun (qui est loin d’être un débutant mais qui m’avais jusqu’à présent largement échappé, dans la mesure où je n’ai regardé ni The Walking Dead ni Minari ni Nope, ses projets qui ont eu le plus de visibilité en France).

 

Le pitch est assez simple : un homme et une femme, Danny et Amy, évoluant dans des milieux sociaux et contextes personnels très différents, ont une altercation sur un parking de centre commercial, et entament une course-poursuite violente en voiture dans la banlieue de Los Angeles. Ils ne repartent chacun de leur côté qu’après avoir commis quelques dégâts, mais ne comptent pas forcément en rester là. Lorsque l’un des deux retrouve l’autre après avoir retenu son numéro de plaque d’immatriculation, l’escalade des coups bas et des vengeances commence, les entraînant dans une chaîne d’incidents de plus en plus sérieux et de mensonges de plus en plus encombrants, qui vont chambouler leurs vies.

 

 

Au départ, on est en un peu en empathie avec Danny et Amy. On a l’impression que leur incartade du premier épisode n’est que la conséquence de longues années de frustration, à ronger leur frein de ne pas maîtriser leur vie et de ne pas rencontrer de véritable soutien dans leur entourage. Danny tente de se remettre sur pied après que son cousin ait flingué son entreprise, laquelle est supposée l’aider à financer un logement pour ses parents, restés en Corée du Sud. Et vraiment, il n’a pas de bol et son entourage ne l’aide pas. Amy travaille d’arrache-pied depuis plusieurs années pour faire fructifier sa propre entreprise et mener une vie Instagram parfaite qui ne semble pas la combler, tandis que son mari au foyer, d’apparence gentil et placide, est avant tout un nepo baby et artiste raté qui aime se la jouer ultra-zen (facile quand tu n’as jamais eu besoin de gagner ta vie) et se donner le beau rôle dans ses interactions avec elle et avec les autres. Mais Amy ne se sent pas la légitimité d’être frustrée ou de s’engueuler avec son mari si parfait. Les deux personnages semblent a priori frustrés à juste titre, mais la série va fendiller cette première impression, en creusant leurs personnalités et leurs décisions passées, qui les ont largement amenés là où ils en sont aujourd’hui. On se retrouve, neuf épisodes plus tard, à ne plus être si désolé que ça pour eux.

 

 

Les coups bas et vacheries sont plutôt drôles, mais Beef est plus passionnante dans son exploration plus dramatique des personnages et de leurs dynamiques, notamment familiales. La saison 1 s’achève sur ce qui pourrait être une fin tout à fait correcte et satisfaisante, mais laisse aussi la porte ouverte à de nouveaux développements, puisque Danny et Amy ont largement « démoli » leurs vies respectives en dix épisodes, mais qu’il leur reste justement, du même coup, des « beefs » à régler avec pas mal des personnages secondaires, et probablement entre eux.

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